« Une histoire d’amour est fragile, le cirque est fragile »
30 septembre 2011.Le cirque franco-finlandais Aïtal est de retour aux Boréales avec une nouvelle création en première mondiale! Après le triomphe de La piste là en 2008, Pour le meilleur et pour le pire est le coup de cœur du festival 2011! Un spectacle à voir en famille à partir de 5 ans !
CRL : Les spectateurs des Boréales vous ont découvert en 2008 avec votre formidable spectacle La piste là qui a, depuis, tourné dans le monde entier, de la Finlande jusqu’au Brésil. Pouvez-vous nous raconter vos parcours respectifs ?
Kati Pikkarainen : J’ai commencé le cirque quand j’étais petite en Finlande dans une petite école de cirque. Assez tôt je voulais que ça soit mon métier et je suis partie en France à l’âge de 16 ans. J’ai rencontré Victor à l’ école nationale des Arts du cirque de Rosny-sous-Bois et nous avons commencé à nous entraîner ensemble peu de temps après. Nous avons poursuivi notre formation au CNAC à Châlons-en-Champagne. Ensuite, nous avons créé notre numéro de main à main avec lequel nous avons commencé à tracer la route ensemble.
Victor Cathala : Je voulais devenir agriculteur et pour cela je suis allé dans un lycée agricole à Saint-Gaudens pour faire un BEP élevage et culture fourragère puis j’ai enchaîné sur un bac pro agricole conduite et gestion d’une exploitation agricole pendant quatre ans. C’est pendant cette scolarité que j’ai intégré Circomania, une école de cirque en voltige équestre en Haute-Garonne. C’est là que je me suis frotté à l’univers du cirque vers mes 18 ans. Cette rencontre m’a donné des envies d’aller plus loin et j’ai d’abord intégré l’école de cirque de Rosny-sous-Bois où j’ai rencontré Kati et ensuite le CNAC à Châlons. Quand j’ai rencontré Kati, elle ne voulait surtout pas faire du main à main. Puis nous avons commencé à travailler, je ne parlais ni finnois ni anglais, elle ne parlait pas français et les professeurs étaient polonais ! À la fin de notre cursus, nous avons obtenu les félicitations du jury et cela nous a permis de prendre la route ensemble et vivre des aventures dans des cirques et cabarets divers et variés. Assez vite ensuite est venue l’envie de fonder le Cirque Aïtal.
CRL : Depuis 1999, vous travaillez ensemble les portés acrobatiques et particulièrement le main à main et votre maîtrise fait parfois oublier aux spectateurs l’incroyable difficulté de votre performance. Hormis un travail inlassablement basé sur la répétition, quel est le secret de votre relation fusionnelle sur scène ?
K. P. et V. C. : Nous n’avons pas de secret. Seule compte l’envie de se retrouver sur la piste. Grâce au travail, on peut se détacher d’une technique, on peut l’oublier et nous la faisons oublier au public.
CRL : Après La piste là, spectacle à quatre artistes, vous avez prolongé un travail collectif en participant à la pièce Öper Öpis avec la compagnie suisse Zimmermann & de Perrot. Est-ce que cela a revivifié votre envie de revenir au duo que vous formez ?
K. P. et V. C. : Le travail avec Martin et Dimitri a était une expérience très intéressante et pendant ces deux ans de tournée de Öper Öpis et La piste là, nous avons eu un emploi du temps très chargé mais en gardant cette forte envie de se retrouver tous les deux dans une nouvelle création.
CRL : Pour le meilleur et pour le pire sera crée aux Boréales le 6 novembre. Que pouvez-vous nous dire de cette nouvelle aventure ?
K. P. et V. C. : C’est vrai que c’est une aventure. Cette aventure on a choisi de la faire à deux, de l’écrire à deux, mais avec bien sûr une équipe autour de nous. Pour le meilleur et pour le pire est le reflet dans notre propre parcours artistique. Le cirque est en quelque sorte un mariage. Partager et aimer. Dire oui. Au meilleur, ça marche. Au pire, ça ne marche pas. Une histoire d’amour est fragile, le cirque est fragile. Pour le meilleur et pour le pire. La matière de ce spectacle tourne autour du métier du cirque. On parle de corps de métier et nous, notre métier, c’est le corps : être artisan de soi-même, se fabriquer son travail. On part de rien, on arrive à quelque chose. Ce métier, on se le construit, on se le reconstruit. Et on le déconstruit tous les jours pour encore le construire. Mélange de nous, de cirque, d’amour, de vie, de travail où tout se mélange et où on ne sait plus où on est.
Entretien proposé par Jérôme Rémy