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Histoire de Bulles – Jean-Blaise Djian

Histoire de Bulles - Jean-Blaise Djian

 

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Atelier à Deauville : Livres & numériques

9 avril 2010.

Dans le cadre des Ateliers du Futur du 150e anniversaire de Deauville, le Salon du livre s’interrogera précisément sur l’avenir du livre et ceux qui le font. Quelle industrie pour le livre numérique, et quel marché pour la nourrir ? Il est trop tôt pour répondre avec certitude alors même que chaque jour apporte son lot de nouveautés aussi bien sur le plan technique que dans les conceptions culturelles et juridiques. Pour anticiper ces changements, il faut d’abord écouter les professionnels et c’est c’est ce que se propose de faire cet atelier : réaliser un état des lieux du marché et engager dès à présent une réflexion prospective sur les métiers du livre de demain. Alban Cerisier, l’un des invités de cet atelier, avait répondu à nos questions pour le livre/échange n° 50. Retrouvez ci-dessous l’intégralité de son entretien.

CRL : Le numérique impacte différents secteurs : commercialisation en ligne, numérisation des ouvrages patrimoniaux, diffusion des textes en ligne ou sur des outils nomades… Vous êtes responsable du développement numérique pour Gallimard. Comment Gallimard s’organise-t-il par exemple pour faire face à tous ces champs ?

Alban Cerisier : Gallimard a très tôt porté attention à l’édition et à la diffusion numérique, au travers d’expériences et de réalisations diverses. Cela permet aujourd’hui à l’ensemble de nos équipes de disposer des bases d’analyse techniques et commerciales d’un phénomène très complexe… mais aussi du recul nécessaire à l’égard des effets d’annonce qui brouillent notre compréhension globale des évolutions. Depuis dix-huit mois, le temps s’est comme accéléré. Les avancées technologiques (réseaux, supports de lecture, guerres des formats), la globalisation des flux d’information, l’entrée en scène de nouveaux acteurs, les menaces de dérégulation du marché du livre, la remise en cause de certaines médiations imposent aux éditeurs, détenteurs des catalogues, une vigilance redoublée. Nous devons prendre nos responsabilités : c’est-à-dire, pour une maison comme Gallimard, trouver les bonnes réponses au bon moment, sans vouloir à tout prix précipiter des évolutions hasardeuses. L’important aujourd’hui est de trouver ce point d’équilibre entre la préservation du marché du livre papier, dynamique, inventif et achalandé, et l’apparition de modes de lecture numérique complémentaires. Nous nous sommes mobilisés pour cela.
Chez Gallimard, nous avons choisi de mutualiser nos efforts avec deux grands confrères, les groupes Flammarion et La Martinière, pour créer notre Entreprise de distribution de l’édition numérique, Eden-Livres. Cette plateforme professionnelle a pour mission principale de rendre notre offre numérique accessible à tous les revendeurs, et en tout premier lieu aux libraires qui se sont engagés dans cette voie. Le plus grand risque pour la diversité future de l’offre éditoriale, c’est qu’un seul acteur de la diffusion prenne le leadership sur le marché, imposant à terme ses normes, son assortiment et ses conditions commerciales. La meilleure façon d’éviter cette possible préemption – qui n’est pas de la science fiction, tant s’en faut –, c’est d’une part de s’organiser très vite pour déployer notre offre aussi largement que possible, d’autre part solliciter les pouvoirs publics pour qu’ils régulent ce marché, afin d’éviter tout effet de dumping.
Nous avons bien sûr modifié nos façons de travailler pour que chaque nouveauté puisse être vendue en même temps en papier et en numérique ; nous avons aussi entrepris une grande numérisation rétrospective de notre fonds (20000 titres), comme ont pu le faire, pour le domaine publique, certaines bibliothèques ou, de façon illégale pour les titres récents, Google. Nous allons ouvrir de nouvelles offres, notamment pour les bandes dessinées… Le spectre des possibles est large du livre dit homothétique, simple conversion numérique à l’identique du livre papier, aux applications adaptées de livres, comme, pour les guides touristiques, Smartcity, vendue sur l’Appstore.

CRL. : En janvier, le SLF et le SDLC (Syndicat des Distributeurs de Loisirs Culturels) annonçaient qu’ils allaient mener « une action commune pour développer le marché du livre numérique en France ». Outre Rhin, les professionnels du livre ont déjà leur propre plateforme indépendante, Libreka. La France n’a-t-elle pas déjà pris du retard sur ces questions liées au numérique ? Dans un secteur très concurrentiel, tous les métiers peuvent-ils faire front ensemble ?
A. C. : Le dialogue entre les éditeurs et les libraires sur ce sujet est permanent et nous le voyons comme absolument nécessaire. Nous sommes ensemble dans les différentes instances de dialogues mis en place depuis plusieurs mois sur ces sujets. Et le niveau d’expertise s’est considérablement bonifié. L’exemple allemand est intéressant ; mais leur contexte professionnel n’est pas le nôtre. Notre préoccupation est, aujourd’hui, de mettre en œuvre une solution interprofessionnelle pour que les libraires en ligne aient accès à toute l’offre numérique française de façon simple et homogène. C’est le projet du « hub ». Nous y travaillons au sein d’un organisme déjà existant : Dilicom. Le groupe Hachette n’a pas souhaité à ce jour rejoindre la table de travail. Elle nous paraît être pourtant la bonne et, notamment, la plus susceptible de trouver de justes complémentarités entre numérique et papier. Il y a là, pour le moment, une divergence de vues.

CRL : Y a-t-il des secteurs de l’édition où le risque de concurrence entre l’écran et le papier risque d’être plus important ? Et d’autres registres où la concurrence peut être moindre ?
A. C. :
C’est déjà le cas : toutes les œuvres étant l’objet de lecture discontinues, fragmentaires, sont déjà concurrencées dans leur version papier par l’écran. Je pense aux ouvrages de nature encyclopédique, par exemple. Ce repli est inquiétant, dans la mesure où l’expérience de la lecture papier, même discontinue, porte en soi des valeurs d’intelligibilité (progression, hiérarchisation, contextualisation, synthèse) que l’océan du Web ne parvient pas à mettre en œuvre. Faites une recherche sur les conquêtes espagnoles en pays maya ; de la fautive et peu digeste page de Wikipedia aux dix lignes d’agences touristiques diverses, où trouver le bon niveau d’information et de rédaction qui permettra à votre enfant de rédiger le petit texte de son exposé ? Pas aisément sur le Web, c’est sûr.
D’autres secteurs semblent très porteurs, comme celui de la BD numérique, adaptée en lecture case à case sur des supports divers (smartphones, consoles de jeu…) Nous suivons cela de très près.

CRL : Prix unique sur le livre, TVA à 5,5%, droit d’auteur, vente réservée au libraire… Le modèle économique du livre papier, ses spécificités françaises sont-ils applicables au livre numérique ?
A. C. :
Oui, nous le pensons, même si des adaptations sont nécessaires. La question de la TVA différenciée entre papier et numérique est une aberration de fiscaliste. Il faut remettre un peu de bon sens politique dans les rouages et très vite, à l’image des Espagnols, adopter une même TVA réduite pour les deux versions de l’œuvre. C’est bien principalement l’accès à la culture que défend le taux de TVA réduit, non l’accès au papier. Et si l’on veut mettre en avant une offre légale, c’est un des premiers leviers à manipuler.
L’adoption d’un prix unique sur le livre numérique dit « homothétique », vendu à l’unité, est une nécessité pour faire émerger le plus grand nombre d’acteurs possibles sur le marché de la diffusion numérique, et notamment les acteurs traditionnels. Le développement de nouveaux services (location, vente aux chapitres, abonnements) pose bien sûr d’autres questions ; mais il faut être pragmatique et répondre, encore une fois, aux préoccupations actuelles du marché.
Les auteurs sont, dans leur immense majorité, solidaires de cette démarche ; ils savent la part prise par l’éditeur dans la mise en valeur de leur œuvre et les promesses des effets de catalogue d’une maison comme Gallimard. Nous devons imaginer ensemble ce que sera le marché du livre numérique de demain et veiller à ne jamais démonétiser leur travail de création et de réflexion, comme celui de l’éditeur. Cette part d’incertitude persistante relative aux usages et aux modèles économiques nous incite à être à la fois souples et solidaires dans l’évolution de nos rapports. Le lecteur de demain en sortira gagnant.

Entretien proposé par Nathalie Colleville


Programme de la journée du 30 avril

9h45 / Accueil des participants
10h30 / Introduction par Françoise Benhamou, animée par Bruno Rives : « Les questions du livre numérique : l’histoire, l’évolution, l’économie, l’ampleur, les enjeux, les pratiques »
11h30 / « Enjeux politiques et culturels du numérique pour le livre » Avec Alban Cerisier, Eric Briys, Ronald Schild, François Nawrocki, Gérard Dvoust. Animé par Bruno Rives.
15h / « Comment peut-on imaginer le futur du livre ? » Avec Charles Kermarec, Gilles Delaporte, Jean-Charles Fitoussi, Arbon. Animé par Pierre Ménard.

17 / Conclusion et ouverture par Antoine de Tarlé.

Le Salon du livre de Deauville se tiendra du 30 avril au 2 mai au club 2010 et au cercle de Deauville. Cette septième édition aura pour thème la chanson et proposera tables rondes, lectures musicales,contes, dédicaces… 60 rendez-vous en tout ! Accès libre. Ren. au 02 31 14 02 14.
www.deauville-2010.fr

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