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Histoire de Bulles – Jean-Blaise Djian

Histoire de Bulles - Jean-Blaise Djian

 

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Sofi Oksanen, prix Fémina étranger

3 novembre 2010.

Sofi_Oksanen@Toni Härkönen

L’auteure que Les Boréales accueilleront les 14 et 15 novembre à Caen vient de recevoir le prix Femina étranger pour Purge (Stock, 2010).

D’abord écrit pour le théâtre, Purge est aujourd’hui un des romans les plus poignants qui aient été jamais publiés sur l’Histoire de l’Estonie. À travers le parcours de deux femmes plus proches qu’il n’y paraît, Sofi Oksanen explore un pan totalement méconnu de l’histoire de ce petit pays balte : l’occupation par les Allemands puis le joug du régime communiste jusqu’à son indépendance en 1991, en passant par l’indifférence de l’Occident, les conséquences Tchernobyl (« Le ciment disparut de toute l’Estonie, parce qu’on en avait besoin en Ukraine, et d’Ukraine et de Biélorussie commença à arriver en Estonie plus de nourriture qu’avant. […] La nourriture saine d’Estonie allait à Moscou et on donnait aux Estoniens les provisions de là-bas, dont Moscou, à cause de ce qui était arrivé, ne voulait pas. ») Entremêlant habilement récit, extraits de journaux et de rapports de police, la jeune romancière déroule dans une noirceur aiguë les méthodes du régime communiste  d’après-guerre dans les pays occupés -délation, manipulation- et les horreurs de l’esclavage sexuel en Europe de l’est à la fin du XXe siècle. Les époques se superposent mais les violences sont les mêmes. . « Il venait toujours de nouvelles bottes de cuir chromé, toujours de nouvelles bottes, semblables ou différentes, mais qui avaient la même façon de marcher sur la gorge. Dans la forêt, les tranchées s’étaient refermées, les douilles ternies, les blockhaus écroulés, les morts à la guerre s’étaient décomposés, mais les événements déjà vus se répétaient. » Le choix du mot  « purge » pour le titre dit à la fois l’entreprise de déportation conduite par le régime stalinien mais aussi la toilette de la femme violée et souillée. Cette femme violentée, c’est Aliide en 1949. C’est Zara en 1992. Lorsque la seconde, sale et misérable, échoue dans sa cour, la vieille Aliide ne sait pas encore que son passé va  lui sauter à la figure et se rejouer sous ses propres yeux. Ce passé qu’elle fuit, qu’elle occulte délibérément. Elles se ressemblent mais ne le savent pas encore… Outre le même sang, elles ont toutes deux connu l’emprise de la terreur, celle qui impose d’être sur le qui vive en permanence. Lorsque Aliide « la vieille babouchka rouge » qui connait les plantes et les oiseaux, décide d’aider Zara, ce sont ses propres plaies qu’elle va panser.
Comme le pays des siens, l’Estonie, Zara doit se reconstruire. « Une fois qu’elle serait libre, elle se procurerait un nouveau passeport, une nouvelle identité, une nouvelle histoire. Un jour ça se passerait comme ça. Un jour elle se reconstruirait. » Purge interroge les notions de responsabilité et de culpabilité. Que laissons-nous aux générations suivantes ? Que faire du passé lorsque lorsqu’il est encombrant ? Est-on toujours sûr d’avoir fait les bons choix ? L’écriture, précise et haletante –il faut saluer le travail remarquable de son traducteur, Sébastien Cagnoli-, la construction qui entremêle présent et scènes du passé font de Purge un grand roman qui hypnotise ses lecteurs longtemps après l’avoir refermé.

N. C.

> Le 14 novembre, à 14h30, lecture rencontre avec la Compagnie La Métonymie. Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos. Auditorium du Musée des beaux-arts de Caen. Entrée libre. Signature sur le stand des libraires de l’association Lire à Caen.
> Le 15 novembre à 15h, Université de Caen Basse-Normandie. Réservé aux étudiants.
> Le 15 novembre à 17h30, Forum FNAC, Centre Paul-Doumer, Caen. Entrée libre.

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